Quand la médecine gagne by Jean-Jacques Lefrère & Patrick Berche

Quand la médecine gagne by Jean-Jacques Lefrère & Patrick Berche

Auteur:Jean-Jacques Lefrère & Patrick Berche [Lefrère, Jean-Jacques & Berche, Patrick]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Essai
ISBN: 9782081284326
Éditeur: Editions Flammarion
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


La réhydratation orale

Dans les années 1960-1970, la mortalité mondiale des enfants de moins de 5 ans est estimée à cinq millions, le plus souvent des suites de diarrhées aiguës. Au cours des épidémies de choléra, cette mortalité peut atteindre 40 % sur les continents n’ayant pas accès à la réhydratation par voie veineuse. Conscient de l’enjeu et de la nécessité de concevoir de nouvelles thérapeutiques, le National Institute of Health ouvre à Dacca, dans le Pakistan oriental, un laboratoire de recherche sur ce thème, le Cholera Research Laboratory. Son directeur, Robert Phillips, est un médecin-capitaine de l’US Navy, connaissant particulièrement bien le choléra, sur lequel il travaille depuis plusieurs années. Sa prise de fonctions, en septembre 1961, coïncide avec l’apparition d’une nouvelle pandémie – la septième connue dans l’histoire récente. Celle-ci provient des îles Célèbes. Lorsqu’elle touche les Philippines, Phillips envoie à Manille une équipe de la Naval Medical Research Unit-2, basée à Taipeh, pour prendre en charge les malades. Appliquant un traitement par perfusions mis au point et amélioré au cours du temps par Phillips, l’équipe du commandant Craig Wallace n’observe à l’hôpital San Lazaro qu’une mortalité assez faible, de l’ordre de 3 %. Ce succès conforte l’indication des perfusions intraveineuses de solutés salés comme thérapeutique de référence du choléra. Cependant, cette thérapeutique connaît d’importantes limites : outre qu’il est très difficile de la mettre en œuvre dans les pays pauvres où sévit l’épidémie, il n’est pas possible de perfuser les bébés (les aiguilles épicrâniennes n’apparaîtront que dans les années 1970). Les perfusions, en réhydratant rapidement les malades en état de choc, transforment radicalement le pronostic des formes graves à partir des années 1960, mais comment traiter, sur le terrain, tous les cholériques ?

Lors du retour du choléra au cours de l’été 1962, Wallace et Phillips expérimentent divers modes de réhydratation des malades. C’est ainsi que le second, ajoutant du glucose à haute concentration à la solution sodée prise par voie buccale, s’étonne que ceci augmente considérablement l’absorption du sodium – ce que les physiologistes avaient observé sur des intestins étudiés en laboratoire. C’est en tout cas la première démonstration que la thérapeutique orale peut avoir son efficacité, et elle contredit le dogme qui impose la mise au repos du tube digestif pour combattre la diarrhée. Phillips a nécessairement eu vent des travaux publiés en 1953 dans le Lancet par un Hindou de Calcutta, Hemendra Chatterjee : ce chercheur était parvenu à réhydrater cent quatre-vingt-six patients atteints d’une forme modérée de choléra, en ayant recours, non à des perfusions intraveineuses, mais à une solution orale de glucose et de chlorure de sodium. Tous ces patients ont survécu. C’était là une action prémonitoire de la véritable révolution qui allait survenir quinze ans plus tard.

Fort de cette donnée nouvelle, Phillips décide d’entreprendre un essai clinique plus large basé sur un tel soluté et l’annonce dans une conférence de presse, en déclarant qu’il est sur le point de découvrir un traitement oral du choléra. L’expérimentation est réalisée en septembre 1962, en combinant des perfusions intraveineuses et des prises orales de solutés hypertoniques.



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